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Expérimenter un dispositif de paniers agroécologiques et solidaires dans un Quartier Politique de la Ville à Marseille

la Cité de l'agriculture

37 boulevard National
13001 Marseille

contexte

Face à l’insuffisance de l’offre d’approvisionnement en produits alimentaires frais, bios / issus de l'agroécologie, locaux, la Cité de l’agriculture a expérimenté les paniers solidaires en partenariat avec le centre social MPT Saint Louis, les Paniers Marseillais via l’association du Panier de la Calade distribuant les légumes agro-écologiques du maraîcher Lilian Estienne, maraîcher bio de Saint-Andiol (13 670)

En 2021, à Marseille, on dénombre 187 grandes et moyennes surfaces (GMS), 39 marchés, 15 épiceries paysannes et 51 AMAP, surtout concentrés dans le centre-ville. En périphérie, la population abondante n’a que peu de commerces alimentaires à disposition. Face à cette faible offre alimentaire, la plupart des habitant.e.s fréquentent des hypermarchés loin de leur domicile, les contraignant à se déplacer en voiture ou en transports en commun. A titre d’exemple, le 15ème arrondissement n’est doté que de trois GMS et un seul point de distribution de paniers peu fréquenté (17 personnes, Les Paniers Marseillais). On peut noter tout de même l'ouverture d'un magasin Biocoop dans le 15ème à Grand Littoral en 2019. Néanmoins, les prix restent difficilement accessibles pour une partie de la population du 15è arr, marqué par des taux de pauvreté importants. D'où l'expérimentation de paniers solidaires dans le quartier prioritaire de Saint-Louis/Campagne Lévêque en lien avec un acteur social du secteur (Centre Social MPT Saint-Louis). Si ces territoires ne sont pas à proprement parler des « déserts alimentaires », A.Nikolli (2015) propose le terme de « déserts de circuits courts ».

Ainsi, sans une offre de qualité accessible sur un territoire, les habitant.e.s n’ont pas la possibilité d’être acteur de leur alimentation. Les discours et injonctions sur le changement d’habitudes vers des pratiques plus durables restent à l’état d’incantations hors-sol, souvent culpabilisantes. Avec ce projet, la Cité de l’agriculture souhaite contribuer, d’une part, à la disponibilité de paniers légumes à prix accessible, et d’autre part, à comprendre les tenants et aboutissants du dispositif. 

La Cité de l’agriculture est un outil de recherches, d’actions et d’interventions face à la nécessité d’une profonde transformation écologique et sociale de notre société. Elle place l’accès à l’alimentation durable et l’agriculture urbaine en clefs de voûte de la transition écologique des villes.

objectifs et résultats

Objectifs généraux :

Rendre l'alimentation durable accessible à tous

Diminuer les émissions de gaz à effet de serre gràce au choix de produits issus de l'agroécologie, accessibles à proximité des lieux de vie... 

Améliorer la santé des familles

Favoriser l'économie locale en travaillant avec  les producteurs locaux en agroécologie 

 

Objectifs quantitatifs :
  • 40 familles inscrites aux paniers solidaires sur la première saison d'engagement de 6 mois (juillet à décembre 2020). 
  • Prolongement dans une deuxième phase entre janvier et juin 2021, visant un élargissement à 60 familles participantes, en fonction du développement du nombre de partenaires impliqués
  • Les objectifs quantitatifs (nombre de paniers, tonnes de produits agroécologiques, quantité de CO2 évité...) vont être complètes
Résultats quantitatifs :

Portée du dispositif : disponibilité et accessibilité d’une offre d’alimentation durable

  • 17 mois de projet : 1 phase de test d’1 mois et 3 phases d’adhésion de 6 mois renouvelables ;
  • 774 paniers de légumes biologiques, locaux, frais et de saisons ;
  • 72 distributions à La Calade (13015) ;
  • 6 activités et visites, dont une chez leur maraîcher ;
  • 29 femmes ont contracté au moins 1 mois d’essai aux Paniers Solidaires.
  • Les résultats quantitatifs (tonnes de produits agroécologiques, quantité de CO2 évité...) vont être calculés ultérieurement

Satisfaction des adhérent.es et pertinence du dispositif

  • Sur les 29 femmes ayant été impliquées dans le dispositif : 
    • 19 personnes n’ont pas donné suite au contrat d’essai ou ont souhaité interrompre leur contrat à mi-saison
    • 10 personnes ont adhéré aux Paniers solidaires sur l’ensemble des phases du projet
    • 1 personne seulement sur les 14 adhérentes présentes pour la dernière phase du projet a abandonné en cours de route
  • Taux de récupération des paniers : 100%

     
Résultats qualitatifs :
  • Satisfaction des adhérent.es : Retours très favorables des adhérent.es sur la composition des paniers
    • La grande fraîcheur des produits est reconnue et appréciée par les participant.e.s. 
    • La saisonnalité est vue comme une contrainte, surtout en hiver, mettant en exergue une envie d’avoir davantage de fruits (mandarine, orange, fruits exotiques).
    • La quantité suffit ou non selon la composition de la famille mais est bien perçue. Les aromates “bonus” du paniers légumes sont fortement appréciés : les adhérent.es aimeraient en avoir plus. 
  • Effets sur la santé et nutrition : 
    • Découverte, disponibilité et accessibilité d’un mode alternatif d’approvisionnement : aucun.e des 29 femmes ayant essayé les paniers ne connaissait le principe de l’abonnement à des paniers-légumes.
    • Découverte ou renforcement de comportements alimentaires durables : toutes les adhérentes avaient déjà des pratiques de cuisine relativement saines (ex : faible consommation de plats préparés, appétence pour le temps à cuisiner, l’apprentissage de recettes, etc.)
  • Effets sur le lien social :
    • Participation et développement du pouvoir d’agir des participant.e.s à un système alimentaire plus juste, à une échelle très locale
    • Mise en relation de voisin.e.s qui ne se connaissaient pas ou peu via leurs enjeux et intérêts communs pour les paniers légumes solidaires.
    • Liens consommateur-producteur :
      • Prise de conscience par les nouvelles adhérentes du système alimentaire et de sa capacité à agir
      • Producteur satisfait et soulignant la stabilité du groupe d’adhérent.e.s à la sortie du COVID-19 lui assurant un peu plus de sérénité financière
      • Effort financier consenti par les adhérent.es suite à une hausse de leurs contributions dues à la hausse des prix du panier suivant la crise du COVID-19
    • Implication bénévole et solidaire : 
      • Sur l’initiative des adhérentes solidaires, mise en place d’un groupe de discussion WhatsApp regroupant l’ensemble des adhérent.e.s (contrats solidaires ou classiques).
      • Développement de l’entraide entre adhérent.es pour récupérer les paniers légumes hebdomadaires malgré les contraintes pratiques (mobilité, horaires de travail décalés, etc.).
  • Effets sur l’environnement : 
    • Sensibilisation et empouvoirement à une alimentation de qualité, bio, local ;
    • Sensibilisation à la démarche zéro déchet ;
    • Soutien financier à une agriculture agro-écologique et locale respectueuse de la biodiversité.

       

Mise en oeuvre

Description de l'action :

Des paniers légumes doublement solidaires

Le dispositif renforce la disponibilité géographique de produits agro-écologiques, locaux, de saison, frais, cueillis le matin et distribués le soir même. Les paniers hebdomadaires proposés pèsent autour de 6 kg et se composent d’environ 6, 7 types de légumes différents afin de cuisiner des recettes variées tout au long de la semaine. 

L’accessibilité de cette alimentation saine et durable passe par une proximité au point d’approvisionnement mais aussi par une solidarité financière. 

Les adhérent.e.s des Paniers Légumes soutiennent le producteur en payant en avance sa part de récolte avec un engagement de 6 mois et suite à une période d’essai de 1 mois. 

Le maraîcher fournit un effort financier de 1 € sur les paniers vendus habituellement à 17,5 €. Ce prix de marché des paniers agro-écologiques, locaux, fraîchement cueillis est inabordable pour les adhérentes interrogées, même si elles le considèrent comme une juste rémunération du travail du maraîcher. 

Les adhérent.e.s choisissent d’acheter leur panier à 7, 8 ou 10 €, une somme conséquente dans leur budget : toutes ont déclaré qu’au-delà de ces prix, elles ne pourraient pas continuer à adhérer aux paniers solidaires. Les adhérent.e.s défendent ainsi une juste rémunération pour le producteur et s’assurent des légumes à un prix juste et stable. Aussi, les participant.e.s se montrent solidaires envers l'agriculteur.rice soumis.e aux aléas climatiques : elles bénéficient des surplus lors de récoltes abondantes et acceptent un panier moins fourni en cas d’imprévus (grêle, inondations, sécheresse, maladies, etc.). 

Les financements publics et privés assument le delta restant : dans notre cas, la Cité de l’agriculture a complété le budget des Paniers solidaires en mobilisant ses fonds propres.



La distribution de paniers légumes : un moment de rencontre, de convivialité et de lien social

Ce mode d’approvisionnement alimentaire favorise la rencontre entre les adhérent.es et avec le maraîcher. Les adhérent.e.s s’engagent à participer à la vie de l’association et notamment pendant les distributions : décharger le camion, installer les caisses de légumes, accueillir les autres adhérent.e.s et indiquer la répartition des quantités par personne. Ces missions bénévoles se font généralement en binôme et de façon rotative. Le maraîcher assure lui-même la distribution de sa production aux familles adhérentes chaque semaine. Un lien fort se crée entre la personne qui les nourrit et les familles qui la font vivre.

L’accessibilité de cette alimentation passe aussi par un accompagnement social continu qui vise à dépasser certains freins symboliques. L’accompagnement se décline sous plusieurs formes : des ateliers cuisines conviviaux, échange de recettes et (re)découverte de certains légumes anciens et régionaux, des visites à la ferme (dont celle du producteur partenaire), d’un module de formation pour les travailleur.se.s sociaux autour des circuits courts et du fonctionnement des paniers solidaires. 

Les paniers solidaires offrent la possibilité à des familles modestes de manger sainement et à un maraîcher d’aborder sa saison plus sereinement (par ex. avance de trésorerie sur la saison agricole, résilience face aux aléas climatiques, etc.).

 

Planning :

1) Phase de structuration du projet : 

  • Travail préalable pendant plus d’un an avec le centre social MPT Saint Louis sur des activités autour de l’alimentation durable (ateliers cuisine, visites de producteur.rices avec le secteur Enfance Famille) aboutissant à la structuration du projet
  • Réunion de co-construction du projet entre le Centre Social, la Cité de l’agriculture et les Paniers Marseillais pour définir le fonctionnement, le montage financier, et les responsabilités de chacun.e (prix, gestion des adhésions, des paiements, engagement…).
  • Organisation au centre social de rencontres avec les habitant.es et les Paniers Marseillais pour présenter l’association, le fonctionnement d’une AMAP et le fonctionnement de ces paniers solidaires et identifier les personnes intéressées.
  • Anticipation par les Paniers Marseillais des besoins de production pour 10 nouveaux paniers validée avec le producteur identifié
  • Signature d’une convention entre le centre social MPT Saint Louis et la Cité de l’agriculture en novembre 2020
  • Création d’un comité opération de suivi, composé de :
    • L’association de la Calade
    • L’association les Paniers Marseillais
    • La Cité de l’agriculture
    • Les bénéficiaires qui souhaiteront en faire partie
  • Financement porté avec les fonds propres de l’association pour une première phase jusqu’à avril 2021, puis financement de la Métropole

1 Phase “test” : Novembre 2020 - Décembre 2020

Adhésion aux paniers de 10 habitantes, usagères du centre social : distributions de paniers, visites chez les producteur.rice.s, ateliers cuisine et cueillettes.

3 Phases d’adhésion : Janvier 2021 - Avril 2021 ; Mai 2021 - Octobre 2021 ; Novembre 2021 - Avril 2022

2021 signe la nouvelle saison, la reprise des activités et l’élargissement du dispositif : 10 paniers supplémentaires disponibles et 20 familles adhèrent au projet.

Phase de transmission : Mai 2022

Alors que la Cité de l’agriculture arrive au terme de ces expérimentations, ces paniers ont de beaux jours devant eux. En effet, ils sont renouvelés pour 1 an et repris par les Paniers Marseillais et l’association des Paniers de la Calade.



 

Moyens humains :

1 Phase “test” : Novembre 2020 - Décembre 2020

  • 0,3 ETP coordination de projet

3 Phases d’adhésion : Janvier 2021 - Avril 2021 ; Mai 2021 - Octobre 2021 ; Novembre 2021 - Avril 2022

  • 0,3 ETP coordination de projet

Phase de transmission : Mai 2022

  • 0,3 ETP coordination de projet
  • 0,3 ETP documentation de projet

La mobilisation des partenaires a été essentielle pour la bonne réalisation du projet mais leur contribution en temps de travail est difficile à calculer : 

  • 1 référente “famille”, 
  • 1 coordination de projet côté Paniers Marseillais
  • Travail bénévole des adhérents des paniers de la Calade impliqués dans l’organisation et dans la logistique des distributions.

     
Moyens financiers :

Coordination de projet

Financement ADEME pour l'animation 

Prise en charge du prix solidaire des paniers à hauteur de 83% : sur les 17 mois du projet, les paniers ont générés 10 966,5€ au maraîcher, dont 9104,5€ pris en charge par la Cité de l'agriculture (fonds propres puis subvention).

Moyens techniques :
  • Local de distribution : une annexe de l’école primaire de Saint-Louis, mise à disposition, couverte en cas de pluie et sommairement protégée du vent
  • 1 référent.e bénévole pour suivre les adhésions et les prochaines commandes en sus du contrat (œufs, fruits, etc.)
  • 1 camionnette de livraison

     
Partenaires moblisés :

partenaire du portage de projet : les Paniers Marseillais 

partenaires financiers : 

  • autofinancement sur la phase de structuration du projet puis la phase “test”
  • Métropole Aix-Marseille-Provence
  • ADEME PACA pour la réalisation du livrable, une revue culinaire réalisée avec les usager.ères des paniers de la Calade, en partenariat avec l'association Le Bouillon de Noailles

partenaires opérationnels :

  • centre social MPT Saint Louis
  • association du Panier de la Calade
  • Lilian Estienne, maraîcher bio de Saint-Andiol (13 670)

     

valorisation de cette expérience

Facteurs de réussite :
  • La satisfaction des adhérent.e.s concernant la qualité des produits et du dispositif : fraîcheur, goût, durée de conservation après achat
  • L’implication des centres sociaux partenaires dans la mobilisation des habitant.e.s
  • Un soin apporté à la convivialité, l’entraide et le réseau entre adhérent.es, notamment via : 
    • accompagnement social et programme d'activités conviviales ;
    • mise en place de l’entraide et du covoiturage pour la récupération des paniers ;
    • création les échanges de recettes sur le groupe Whatsapp réunissant tous.tes les adhérent.es aux paniers (solidaires ou classiques) ;
    • entraide familiale pour chercher des recettes sur internet ;
    • ateliers cuisine du centre social ;
    • stockage (conserves, congélation) ou distribution aux proches les aliments trop redondants de la saison.
  • Une approche flexible et progressive encourageant les curieux.ses à s’essayer à un mode de consommation durable en dépassant les éventuels blocages symboliques tels que le bio c’est pas pour moi, le bio c’est trop cher , méfiance envers les signes de qualité..
  • Du bouche-à-oreille aboutissant à la constitution d’un groupe stable d’adhérent.e.s au bout d’1 an.
  • Le double soutien financier pour le maraîcher et pour les familles, tous deux dans des situations économiques précarisées.
Difficultés rencontrées :
  • Freins pratiques éprouvés par les adhérentes :
    • déplacements hebdomadaires difficiles pour des personnes travaillant à horaires décalés ou étant exposées à des problèmes de santé et/ou de mobilité, 
    • cuisines des adhérentes trop petites ou peu fonctionnelles ;
    • centres sociaux soumis à des normes d’hygiène collective rendant difficile la mise à disposition de cuisines. 
  • Échelle hyper-locale du projet : un nombre limité de personnes et à un temps court, sans vision sur les possibilités de reconduite du projet.
  • Fragilité du modèle économique solidaire dû à la dépendance aux subventions et à leurs conjectures politiques
  • Horizons de temps incertains des financements limite le déploiement à plus grande échelle de ce mode de consommation au regard de : 
  • La nécessaire fidélisation progressive des adhérentes ;
  • L'équilibre du modèle économique et les contraintes agronomiques du maraîcher limite le nombre de contrats solidaires possibles, malgré un nombre croissant de personnes intéressées.

     
Recommandations éventuelles :

Les paniers solidaires proposent des moyens d’agir et de s’entraider pour une alimentation durable à des personnes souhaitant se saisir de leur alimentation malgré leurs contraintes pratiques et budgétaires. Dans les quartiers prioritaires de la ville comme ailleurs, la consommation de paniers de fruits et légumes implique des habitudes et des pratiques convenant à certaines personnes mais présentant des contraintes difficilement dépassables pour d’autres. Cette expérience a montré que ces contraintes pratiques et sociales peuvent être adoucies par de l’entraide entre adhérent.es ou par la mise à disposition de lieux et d’ustensiles de cuisine. 

Ainsi, si ce mode d’approvisionnement ne convainc pas toujours, les paniers solidaires restent un moyen de découvrir et de tester une stratégie d'approvisionnement alternative. Pour les personnes moins familiarisées avec ces thématiques, les paniers peuvent se révéler un moyen de lever certains a priori vis-à-vis de l’alimentation durable. Par ailleurs, ce dispositif a touché exclusivement des femmes, seules ou en charge d’un foyer, qui sont souvent déjà sensibles à la qualité de leur alimentation. Pour elles, coût de la vie et contraintes du quotidien restent le nerf de la guerre. Ainsi, il faut donc bien cerner différentes orientations du projet qui sont compatibles mais qui ne demandent pas les mêmes points de vigilance.

  • Pour constituer un outil de découverte s’adressant à des publics plus éloignés des sujets alimentaires, il convient de renforcer les efforts de recrutement de personnes plus éloignées de ces sujets (au détriment éventuellement de la constitution de contrats solidaires sur plusieurs saisons) et d'accentuer la mise à disposition d'outils et de ressources pour la cuisine (locaux, équipements, recettes). 
  • Pour réellement proposer un accès à une alimentation durable pour des personnes déjà sensibles mais dans des situations économiques ne leur permettant pas de moyens d'agir à leur échelle pour une alimentation durable, il s'agit de passer d'une échelle de projet à une vision systémique et structurelle : quel financement pérenne, quel passage à l’échelle du dispositif et quelle articulation avec des transformations profondes du système alimentaire, telles que la Sécurité Sociale de l’Alimentation ?