Bâtiment et travaux publics : 2 grands secteurs d’activité

Déchets du bâtiment et déchets des travaux publics : mêmes enjeux ?

Bâtiment et travaux publics : 2 grands secteurs avec un fonctionnement différent

Foisonnement entrepreneurial et diversité de chantiers dans le bâtiment

Le secteur du bâtiment regroupe les activités de construction, de rénovation, de démolition des bâtiments publics ou privés.

Dans ce secteur, le foisonnement entrepreneurial est manifeste (94 % des 650 000 entreprises du BTP relèvent spécifiquement du bâtiment), avec une large variété de profils et de corps de métiers qui interviennent et une très large majorité d’entreprises qui ont moins de 10 salariés.

Ainsi, le secteur du bâtiment se caractérise par une diversité extrême :

  • de chantiers de tailles et typologies différentes ;
  • de déchets, avec des natures, des volumes, des fréquences de production, nécessitant des collectes et structures de regroupement et de tri adaptées, d’intervenants multiples chacun ayant sa part de responsabilité ;
  • des professions et profils d’entreprises (du major à l’artisan) pouvant poser des difficultés en termes de communication, sensibilisation ou formation.

Entreprises de plus grandes tailles et grands chantiers d’infrastructures dans les travaux publics

Le secteur des travaux publics intervient essentiellement dans la création et le réaménagement de voirie (routes, réseaux enterrés d’eau…) ou d’ouvrage d’art (ponts, tunnel…).

Dans ce secteur, les entreprises sont plus homogènes et tendanciellement de plus grandes tailles. Elles intègrent parfois directement l’activité de recyclage ou ont des liens étroits avec les acteurs de la valorisation. Elles disposent de moyens logistiques pour gérer les importants volumes de déchets, très majoritairement inertes, qu’elles génèrent et bénéficient d’un encadrement des pratiques de valorisation en techniques routières. Leurs déchets, relativement homogènes, sont davantage concentrés sur de grands chantiers d’infrastructures, avec des capacités de réemploi/réutilisation déjà éprouvées, incitées ou exigées par les maîtres d’ouvrages.

les déchets du bâtiment et des travaux publics en chiffres

La problématique des déchets du BTP n’est apparue qu’assez récemment dans les priorités des politiques déchets en France. Or, les flux occasionnés par ce secteur sont d’une ampleur remarquable, comparés à ceux des ménages ou des autres activités économiques.

L’étude ADEME, ayant permis l’exploitation des états des lieux départementaux de prévention et de gestion des déchets issus de chantiers (2017), confirme que la production de déchets issus de chantiers sur un territoire est directement corrélée à des indicateurs d’activité du BTP (Chiffre d’affaires [CA], montants de travaux des collectivités), qu’il s’agisse des travaux publics ou de la démolition : le ratio moyen de production de déchets issus des chantiers BTP est de 1,3 t/k€ CA.

Près de 70 % des déchets produits sur le territoire national, majoritairement des déchets inertes

Part des différents secteurs dans la production des déchets en France

(Déchets chiffres-clés [édition 2020])

En 2017, la production de déchets en France représente 326 millions de tonnes (Mt), dont 224 Mt pour le secteur du BTP et 70,3 Mt pour les activités économiques (y compris les collectivités) en dehors de la construction, 31,7 Mt pour les ménages.

Ainsi, en France, les activités du secteur BTP produisent en moyenne près de deux fois plus de déchets que dans les autres pays européens : 3,4 tonnes par habitant contre 1,8 en moyenne (source : DataLab (PDF - 1,7 Mo)).

Les déchets du secteur de la construction relèvent de 3 catégories, à savoir par ordre de flux décroissant (Source : SDES (PDF - 517 ko)) :

  • les déchets inertes très largement majoritaires (211,3 Mt), représentant 97 % du tonnage pour les travaux publics et 74 % du tonnage pour le secteur du bâtiment ;
  • les déchets non inertes non dangereux, secondaires en flux, représentent 13,2 Mt pour l’ensemble du BTP ;
  • les déchets dangereux représentent moins de 2 % de l’ensemble des déchets du BTP (environ 3 Mt), mais leur dangerosité justifie une attention particulière.

Au niveau national, les données chiffrées les plus récentes sur les gisements de déchets dans le secteur de la construction sont celles de l’enquête du Service de la donnée et des études statistiques (SDES) (ministère de la Transition écologique [publication en 2017 sur données d’enquête de 2014]).

Néanmoins, en 2020, l’étude de préfiguration de la filière REP Produits et matériaux de construction du secteur du bâtiment réalisée par l’ADEME a permis de consolider les données spécifiques au secteur du bâtiment, notamment sur les filières de valorisation, en croisant plusieurs approches : enquête nationale, données régionales via les observatoires, données filières…

Ainsi, au global le taux de valorisation matière des déchets issus des chantiers du bâtiment a été estimé à près de 67 %, proche donc de l’objectif réglementaire de 70 %.

Mais, ce taux ne reflète pas les fortes disparités qui peuvent exister entre les différents flux de déchets : les déchets inertes, via le recyclage et le remblaiement de carrière, présentent en effet un taux de valorisation de l’ordre de 76 % alors que les autres déchets non dangereux non inertes restent très peu valorisés à l’exception du bois (77 %) et des métaux (90 %). (Source : Synthèse étude préfiguration REP, p.14/15).

Source :

Solidairement responsables de la bonne gestion des déchets et de leur valorisation

Il est important de souligner que d’un point de vue légal et réglementaire, le maître d’ouvrage (regardé comme le producteur de déchets) et l’entreprise de travaux (regardée comme le détenteur de déchets) sont solidairement responsables de la bonne gestion des déchets de chantier et doivent privilégier dans le cadre d’un chantier : en priorité le réemploi, puis la réutilisation et le recyclage des déchets, avant d’envisager une valorisation matière directe (telle que les opérations de remblayage), puis une valorisation énergétique et enfin l’élimination.