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expérimentation trilib' à Paris

CITEO

50 BD HAUSSMANN
75009 PARIS
Raphael Murat
Contact
Illustration de l’opération :
station trilib' rue Monsigny 75002 Paris

station trilib' rue Monsigny à Paris 2ème

(Crédits de l'image : Citeo R. Murat)

contexte

Paris, avec ses habitants et visiteurs, produit plus d’un million de tonnes de déchets par an, soit environ 500kg par habitant. Seuls environ 20 % de ces déchets sont actuellement recyclés, une part qui progresse mais reste faible au regard du gisement.

Pour permettre à plus de Parisiens de trier plus simplement et pouvoir apporter une solution aux 10 % de Parisiens n’ayant pas de bac jaune, Citeo a conduit et financé une expérimentation à Paris, en étroite collaboration avec la Ville de Paris et le SYCTOM : 40 stations trilib’, des containers de collecte de proximité disponibles 24h sur 24, implantés dans 4 arrondissements.

L'enjeu de l'experimentation trilib' n'est pas que local et régional : plus largement il s'agit de montrer qu'il est possible de créer des "stations de tri en libre-service", avec un design qualitatif et bien insérées dans le paysage urbain. C'est aussi une réflexion sur le meilleur compromis à trouver en ville dense entre volume utile, ergonomie d'usage et acceptabilité par les riverains directs. Enfin c'est un mobilier hybride pour le devenir des dechets ressources collectés avec une ouverture sur le réemploi et l'économie sociale et solidaire. Ceci recoupe des enjeux nationaux :  l'accès au service de tri pour les adresses non ou mal desservies et la libération d'espace dans les parties communes pour d'autres flux ou usages.

objectifs et résultats

Objectifs généraux :

- Identifier si ce type de mobilier de collecte est utilisé rapidement par les habitants

- Estimer les quantités récoltées pour chaque flux et la qualité de flux

-  Evaluer le taux de transfert du "bac jaune" PAP vers trilib' (autrement appelé "cannibalisation")

- Vérifier l'acceptabilité et le bon respect de l'équipement

- Donner à la Ville de Paris un retour d'experience suffisant (politique et technique) pour décider de généraliser ce dispositif

- Inspirer les équipementiers et collectivités pour une nouvelle approche de la collecte de proximité, plus design et intégrée

- Tester une solution de tri sur l'espace public pour les adresses non ou mal dotées 

- Maitriser les couts de collecte via l'apport volontaire

- Simplifier les gestes de tri  par le choix d'un mobilier unique regroupant différents flux

- Capter une partie du flux consommé hors domicile

Objectifs quantitatifs :

Les objectifs initiaux de l'expérimentation trilib' étaient de collecter plus de 1 tonne par station et par mois (soit 12 tonnes par an tous flux confondus) avec une qualité au moins équivalente à celle des bacs jaunes de collecte sélective à Paris (environ 19% de taux de refus).

Résultats quantitatifs :

Les objectifs quantitatifs ont été largement dépassé dès l'année de lancement 2017 avec environ 20 tonnes collectées par station en moyenne, en une trajectoire vers 22/23 tonnes pour 2018. Sur ces 20t/an environ 16 t sont envoyées vers le recyclage et 4 t de TLC sont détournées des OM. 

En termes de qualité des flux, celle-ci est bonne. Les caractérisations effectuées (plus de 25 entre 2017 et 2018) convergent vers un taux de refus d'environ 14%. Sur le flux spécifique "grands cartons" le taux de pureté est excellent avec des refus non fibreux limités à moins de 5%. Par ailleurs la consommation nomade est bien présente avec un ratio de petites bouteilles PET environ 2 fois plus important que le ratio du gisement contribuant.

Concernant le taux de transfert du "bac jaune" PAP vers trilib', ce phénomène est limité. Seuls 17% des utilisateurs abandonnent le bac jaune pour trilib, soit un geste de tri additionnel pour 83 % des usagers (enquête IPSOS sur un échantillon de 450 personnes).

Sur le plan politique et technique, la Maire de Paris a affirmé son ambition de doter à terme Paris de 1000 stations trilib ... ce qui s'est traduit par un dialogue compétitif lancé début 2018 et devant être attribué début 2019. La mise en place des premières stations trilib' de la phase "généralisation" devrait avoir lieu fin 2019. 

Résultats qualitatifs :
  • Selon plus de 90 % des utilisateurs, les stations Trilib'
    • Sont faciles à utiliser
    • Donnent davantage le sentiment que le geste de tri est utile
  • Selon 86 % des utilisateurs les conteneurs de la station Trilib’ donnent envie de trier
  • Les stations Trilib’ ont incité à trier davantage près de la moitié des utilisateurs
  • La cannibalisation est limitée à 10-16% d’utilisateurs. Pour les autres, soit le Trilib’ sert d’un complément ponctuel, soit pallie le manque de bacs

Mise en oeuvre

Description de l'action :

40 stations trilib’, des containers de collecte de proximité disponibles 24h sur 24, ont été déployées dans 4 arrondissements test à Paris : les 2ème, 13ème, 18ème et 19ème arrondissements.

L'experimentation est très opérationnelle avec plus de 2 ans de collecte et traitement des flux.

Planning :

- été 2015 : début du projet d'une "station de tri" entre Eco Emballages, Ville de Paris et Plastic Omnium

- novembre 2015 : prototype trilib' installé sur le parvis de l'Hotel de Ville pour la Cop 21

- début 2016 : la Ville de Paris et Eco Emballages décide de lancer une phase experimentale de trilib sur 4 arrondissement et 40 stations

- 2016 : mise au point et évolution du produit, négociation des emplacements avec les élus, techniciens, négociation du feu vert Architectes des Batiments de France, négociation du feu vert Prefecture de Police, préparation du plan de communication et de l'identité visuelle

- 5 décembre 2016 : inauguration officielle dans le 13ème arrt puis mise en service dans les 4 arrondissements entre décembre 2016 et janvier 2017

- fin 2017 : au bout d'un an de résultats globalement très positifs, la Ville de Paris décide de généraliser à terme ce type de dispositif

- 2018 et 2019 : l'expérimentation est prolongée avec un transfert partiel de la collecte vers la VDP et ses prestataires ; des actions sont également menées pour préserver la qualité et prévenir les incivilités

Moyens humains :
  • Citeo
    • 2 ETP en phase projet
    • 0.5 ETP en phase suivi /monitoring
  • Collecte et entretien  : environ 3 ETP
Moyens financiers :

Une experimentation d'une taille exceptionnelle pour Citeo ... mais pleinement justifiée aux regards des enjeux : mieux capter le gisement en ville dense, changer le regard sur les mobiliers de tri et inspirer collectivités et équipementiers.

Le coût d'une station expérimentale trilib est d'environ 25 k€, justifié par un effort conséquent de R&D et une production en petite série. Les coûts experimentaux doivent être apprécié au regard du marché à moyen terme et des enjeux de gisement à capter en ville dense. Le recours à des bacs de grandes capacité (+1.5 m3) permet d'optimiser les coûts de collecte. 

Moyens techniques :
  • Collecte par camion benne GNV classique (chaque module trilib abrite des bacs roulants de 770 litres ou 500 litres pour le verre)
  • Collecte par camion plateau pour les TLC et par triporteur vélo pour le carton de réemploi
  • Lavage par véhicule citerne avec jet haute pression
  • Tri en centre de tri emballages ménagers (adapté à l'extension des consignes de tri plastique, basculement en janvier 2019 avec le PAP à Paris)
Partenaires moblisés :
  • Institutionnels : Ville de Paris, SYCTOM
  • Collecteurs : Derichebourg, Le Relais, Eco Textile, Carton Plein
  • Equipementiers : Plastic Omnium, Econox (fournisseur Le Relais), Seri MDO (fournisseur Eco Textile)
  • Centre de tri : Paprec

 

valorisation de cette expérience

Facteurs de réussite :

- Reproductible et adaptable

- Nouvelle approche (gabarits plus petits, soins à l'ergonomie, multi REP etc)

- Répond à des besoins et à l'évolution des modes de vie urbains

 

Difficultés rencontrées :

Nombreuses difficultés rencontrées, mais aucunes sans solutions, notamment :

- NIMBY (oppositions au projet) : il peut être réduit en soignant l'esthétique, l'insertion dans le paysage et la réduction des nuisances sonores

- Propreté / dépots sauvages : sujet présent dans toutes les grandes villes ; peut être fortement réduit par une excellente qualité de service, sensibilisation et verbalisation des infractions

Recommandations éventuelles :

- Ce type de station de collecte doit être adapté à la typologie urbaine envisagée

- Ill est impératif d'avoir un soutien tant politique que technique

- Le recours à des bacs de grandes capacités (+1.5 m3) permet d'optimiser les coûts de collecte

- Des solutions "low tech" sont aussi possibles en optimisant les flottes existantes de véhicules collectant des PAV (préhension crochet ou champignon) : le travail sera avant tout fait sur le design de la station / des modules et les services associés